Ce site qui offre des billets moins cher est-il légal ?


Payer moins cher l’avion sur Internet par la technique du « skip lagging » se transforme en affaire judiciaire après s’être transformé en véritable business il y a dix ans. La plateforme Skiplagged est attaquée par American Airlines, qui menace de rendre invalide l’ensemble des billets vendus.

La justice va devoir trancher sur l’un des débats du moment les plus symboliques des dérives du secteur aérien sous l’ère Internet : « le skip lagging ». Loin des techniques qui visent à dénicher les meilleurs billets d’avion en recherchant sur les comparateurs à des horaires ou des périodes plus propices, cette technique passe par le fait de réserver des billets avec escale et s’arrêter à la destination de l’escale sans prendre le deuxième vol.

La technique peut sembler inintéressante économiquement, elle l’est en vue de la guerre des prix des compagnies à l’heure d’Internet.

Skiplagged, qui est la plateforme historique et de référence pour trouver des billets de skip lagging, vient d’être attaquée en justice par la compagnie American Airlines, qui la menace de désactiver l’ensemble des billets qu’elle a vendus à ses clients. Comme les billets ne sont pas illégaux en tant que tels, American Airlines cherche à mettre à l’amende la plateforme pour l’accuser de publicité mensongère.

United Airlines a déjà essayé et perdu un procès contre Skiplagged en 2015.

Qui est Skiplagged et qu’est-ce que le skip lagging ?

Basée à New York, Skiplagged existe depuis plus de 8 ans et a été lancée par une jeune de 20 ans du nom d’Aktarer Zaman. Lorsque ce résident de New York a découvert le principe du skip lagging, il en a fait un business. Beaucoup pourraient trouver cela impossible, mais avec des compagnies aériennes qui tirent de plus en plus les prix vers le bas, il est parfois moins cher de choisir une réservation qui ferait de votre destination une escale plutôt qu’une réservation pour un vol simple.

Skiplagged Billet Avion
© Skiplagged

La baisse des prix ne s’explique par aucune autre raison que celle de la compétitivité sur Internet. Avec l’émergence des comparateurs en ligne, les compagnies ont compris qu’elles devaient s’afficher moins cher pour pouvoir espérer remplir leurs avions. Au point donc de baisser tellement leur prix qu’il est devenu moins cher de choisir ces réservations à deux vols plutôt qu’un seul.

Skiplagged n’est pas attaqué en justice pour la première fois avec Americain Airlines. Alors qu’il avait 22 ans, le créateur de la plateforme Aktarer Zaman faisait face à United Airlines et à une agence de voyages du nom de Orbitz. Grâce à une campagne de dons sur Internet et une forte détermination, il arrivait à faire reculer la compagnie et intégrait l’agence parmi ses partenaires.

Ironie du sort, Skiplagged retournait son procès – qui aurait pu l’anéantir – en une campagne de communication, en affichant fièrement sur la première page de son site : « nous sommes si bons, que United Airlines nous a poursuivis en justice pour cela ». Le jeune entrepreneur commentait alors son expérience à CNN Business en expliquant avec une pointe d’ironie : « ce fut un voyage amusant. Avec le recul, ce fut une expérience très intéressante que la plupart des gens n’auront pas l’occasion de vivre ».

La technique d’American Airlines pour faire plier Skiplagged

Pour espérer remporter son procès, American Airlines n’a pas suivi la même technique que United Airlines et Orbitz, à savoir d’accuser Skiplagged de concurrence déloyale. Il est en effet impossible de les juger illégaux, tant bien même qu’ils sont des billets à des tarifs commercialisés par les compagnies, et qu’il est même préférable de les prendre depuis les sites des compagnies pour éviter les frais additionnels qu’ajoute Skiplagged aux réservations dans le but de se rémunérer.

Pour pouvoir faire plier la plateforme, Americain Airlines a cherché à être plus malin. C’est ainsi que la compagnie a trouvé l’idée de désactiver tous les billets vendus par Skiplagged, et attaquer la plateforme en justice pour publicité mensongère, d’avoir promis aux clients des billets « valides » alors qu’elle ne peut en aucun cas garantir que les billets le seront tant ils dépendent de la compagnie aérienne. « Le comportement de Skiplagged est trompeur et abusif », a indiqué American Airlines dans son procès.

Au risque de ne pas avoir été assez claire, la société ajoutait : « Skiplagged trompe le public en lui faisant croire que, même s’il n’a pas le pouvoir émettre un contrat au nom d’American Airlines, la plateforme peut toujours émettre un billet entièrement valide. Ce n’est pas le cas. Chaque “ticket” émis par Skiplagged risque d’être invalidé ». Pour l’heure, ni Skiplagged ni son fondateur Aktarer Zaman n’ont fait de commentaire.



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Catégorie article Technologies

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